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Remérage, Supersédure, Essaimage : comment les distinguer au rucher ?

En tant qu’apiculteur, savoir reconnaître les différents types de production de cellules royales est essentiel pour comprendre ce qui se passe dans la ruche, anticiper les besoins de la colonie, et éviter de mauvaises surprises.
Qu’il s’agisse d’un remérage d’urgence, d’une supersédure discrète ou d’un essaimage imminent, chaque situation obéit à une logique différente… et se repère grâce à quelques indices clés.

Voici un guide pratique pour apprendre à distinguer ces trois processus au rucher.


1. Le remérage

Définition :
Le remérage est le processus par lequel une colonie orpheline (privée de reine) élève une nouvelle reine à partir d’œufs ou de jeunes larves, dans un objectif de survie.

Quand cela survient-il ?

  • Mort accidentelle ou vieillesse de la reine
  • Suppression volontaire de la reine par l’apiculteur (ex : lors d’un élevage)
  • Échec de fécondation ou manipulation trop brutale

Signes observables :

  • Plusieurs cellules royales bien développées1 (souvent en bas ou en bordure des cadres)
  • Absence de ponte fraîche2, parfois même plus de couvain du tout
  • Comportement plus agité des abeilles, qui paraissent nerveuses
  • Pas de ponte de mâles si le remérage est rapide et réussi

📌 À noter :
C’est un mécanisme de survie, souvent déclenché dans l’urgence. Si la colonie élève une reine à partir d’une larve trop âgée3, la qualité de la nouvelle reine peut s’en trouver altérée.


2. La supersédure (ou supersession)

Définition :
La supersédure4 est un remplacement naturel et anticipé d’une reine affaiblie par une nouvelle, sans interruption de ponte.

Quand cela survient-il ?

  • Vieillissement ou baisse de performance de la reine
  • Reine peu fécondée5 ou physiologiquement affaiblie

Signes observables :

  • 1 à 3 cellules royales, bien formées et situées au centre des cadres, près du couvain
  • Ponte régulière toujours présente
  • Colonie généralement calme et stable
  • Transition douce : la vieille reine est souvent remplacée sans heurt

📌 À noter :
La supersédure donne souvent naissance à une reine de bonne qualité6, élevée dans un contexte serein et bien nourrie dès le départ.


3. L’essaimage

Définition :
L’essaimage7 est un phénomène naturel par lequel une partie de la colonie, avec la reine en place, quitte la ruche pour fonder une nouvelle colonie. Il s’agit d’une reproduction à l’échelle de la colonie.

Quand cela survient-il ?

  • Printemps et début d’été, lors des pics de population
  • Colonies fortes, avec réserves abondantes et conditions favorables

Signes observables :

  • Très nombreuses cellules royales (souvent 10 à 20+), en bas des cadres
  • Présence de couvain abondant, forte activité, bourdonnement intense8
  • Cellules royales operculées et bien alignées
  • Comportement agité, parfois bourdonnement « dense »
  • Remplissage accéléré des hausses

📌 Zoom sur les cellules d’essaimage :

  • Très nombreuses, souvent alignées en série
  • Nourries abondamment, bien construites
  • Indiquent une volonté de départ, et non un simple remplacement

Tableau comparatif

CritèreRemérageSupersédureEssaimage
ButRemplacer une reine absenteRemplacer une reine affaiblieCréer une nouvelle colonie
Cellules royalesSouvent >51 à 3Très nombreuses (>10)
Position des cellulesBas ou bords des cadresMilieu du cadreBas ou bords des cadres
Période typiqueToute l’année (urgence)Printemps, été, ou saison creusePrintemps et début d’été
Reine encore présente ?NonOuiOui (jusqu’au départ de l’essaim)
Signes visiblesAgitation, absence de pontePonte normale, colonie calmeForte activité, bruit, réserves
ConséquenceReine souvent moins performanteReine souvent meilleurePerte de population, nouvelle colonie9

Pour résumer : comment les repérer facilement au rucher ?

Cellules royalesLocalisationQuantitéContexte
RemérageBas / bordsNombreuses (>5)Pas de reine, peu de ponte, agitation visible
SupersédureMilieu du cadre1 à 3Ponte présente, colonie calme
EssaimageBas des cadres10 à 20+Ruche populeuse, remplie, en effervescence

En conclusion

Distinguer remérage, supersédure et essaimage est fondamental pour le suivi sanitaire et la gestion de vos colonies. En observant les cellules royales, leur emplacement, le comportement des abeilles et le contexte saisonnier, vous pouvez mieux comprendre ce que prépare la colonie et ajuster votre conduite du rucher en conséquence.

Observer (noter, identifier), anticiper… et accompagner la colonie dans ses dynamiques naturelles, voilà le cœur du métier d’apiculteur.


  1. Cellule royale : une cellule royale mesure en moyenne 2 cm, orientée vers le bas, en forme de doigt de gant, et se distingue nettement des cellules d’ouvrières ou de mâles. ↩︎
  2. Œuf frais : un œuf de moins de 3 jours est visible au fond de l’alvéole, brillant, en position verticale. Ensuite, il s’incline avant l’éclosion de la larve. ↩︎
  3. Reines issues de larves âgées : si la colonie élève une reine à partir d’une larve trop développée, celle-ci présente moins d’ovarioles, ce qui réduit sa fécondité, sa vitalité et sa longévité. ↩︎
  4. Supersédure – origine du mot : le terme vient du latin supersedere, qui signifie littéralement « siéger à la place de ». ↩︎
  5. Qualité de la fécondation : une reine bien fécondée s’accouple avec 10 à 20 mâles différents en vol nuptial, ce qui favorise la diversité génétique et la santé de la colonie. ↩︎
  6. Reines de supersédure : elles sont souvent de meilleure qualité car élevées dès l’origine comme reines, bien nourries et dans un contexte serein, contrairement aux reines d’urgence. ↩︎
  7. Essaimage et survie de l’espèce : l’essaimage est une stratégie évolutive permettant à l’abeille mellifère d’occuper de nouveaux territoires et de multiplier les colonies. ↩︎
  8. Bourdonnement dense : les colonies prêtes à essaimer produisent un son plus grave et vibrant, facilement reconnaissable par l’apiculteur expérimenté. ↩︎
  9. Perte de population lors de l’essaimage : un essaim entraîne avec lui 40 à 60 % des abeilles de la colonie d’origine, ce qui réduit fortement sa force de production à court terme. ↩︎

Une réflexion au sujet de « Remérage, Supersédure, Essaimage : comment les distinguer au rucher ? »

  1. […] cellules de remérage ou de supersédure ne sont pas considérées comme un signe […]

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