
Lorsqu’on élève des reines avec des objectifs de sélection (douceur, VSH, productivité, tenue sur cadre, faible essaimage…), il devient indispensable de suivre l’origine, les performances et les croisements. C’est là qu’intervient le carnet d’élevage, véritable journal de bord du sélectionneur.
Un bon carnet d’élevage permet de :
- documenter les pédigrées,
- suivre la généalogie des reines,
- évaluer les caractères transmis,
- maîtriser la consanguinité,
- identifier les meilleures lignées pour l’avenir.
Que doit contenir un carnet d’élevage apicole ?
Voici les informations essentielles à y faire figurer, que ce soit en version papier ou numérique :
1. Identité des reines
- Numéro ou code de la ruche (ex : R23)
- Nom ou code de la lignée (ex : VSH-L19)
- Date de naissance ou de mise en ponte
- Mode de fécondation : naturelle, contrôlée (RAM), insémination
- Origine des mâles (si connue)
2. Pédigrée
- Reine mère (code F0 ou F1)
- Mâles utilisés (ou station)
- Génération (F1, F2, backcross…)
3. Évaluation des caractères
Chaque critère est noté ou décrit :
- Douceur à l’ouverture
- Tendance à l’essaimage
- Couvain compact / mosaïque
- Hygiène (tests de percement ou VSH)
- Productivité (kg de miel, développement)
- Tenue sur cadre
- Résistance au varroa
Utilise des notations simples (notes sur 5 ou sur 10, lettres A/B/C, ou smileys codés).
4. Événements particuliers
- Remérage naturel
- Supersédure
- Échec d’acceptation
- Changement de reine
- Division ou transvasement
5. Suivi des accouplements
- Plan de croisement (ex : F1 x RAM VSH)
- Objectif génétique : stabilisation, introduction de sang neuf, etc.
- Résultats observés
Support du carnet : papier ou numérique ?
📝 Papier :
- Cahier dédié, fiches ruche, grille imprimée.
- Avantage : rapide à saisir sur le terrain, pas de panne.
💻 Numérique :
- Tableur Excel ou Google Sheets
- Applications spécifiques (Bee Queen App, BeeBreed, HiveTracks…)
- Avantage : calculs automatiques, sauvegarde, partage, graphiques.
📈 Exploitation du carnet
- Repérer les reines à reproduire : celles qui cochent le plus de critères.
- Éliminer ou ne pas reproduire les lignées avec perte de caractères.
- Suivre l’évolution des lignées au fil des générations (ex. % génétique F0).
- Planifier les accouplements futurs en fonction des résultats.
Conclusion
Tenir un carnet d’élevage n’est pas une contrainte, mais une clé de maîtrise dans une apiculture de sélection. C’est grâce à cet outil que l’on transforme l’élevage artisanal en une démarche rigoureuse, traçable et reproductible. En fixant des caractères utiles pour la résilience ou la production, on contribue à une apiculture durable, cohérente et autonome.