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Trois approches pour évaluer la résistance au varroa : test hygiénique, VSH ou SMR ?

Dans la lutte contre Varroa destructor, parasite majeur de l’abeille Apis mellifera, l’apiculteur peut s’appuyer sur des outils de sélection comportementale pour identifier les colonies naturellement résistantes. Deux grandes familles de tests sont couramment utilisées : le test hygiénique (souvent appelé pin test) et le test VSH (Varroa Sensitive Hygiene). À ceux-ci s’ajoute le critère complémentaire SMR (Suppressed Mite Reproduction), qui vise à quantifier l’effet des ouvrières sur la reproduction du varroa à l’intérieur des cellules.

Dans un contexte de sélection généalogique, ces tests sont essentiels pour orienter les choix d’élevage vers des lignées plus résilientes, renforçant ainsi une prophylaxie apiaire durable.


Trois critères, trois approches, un objectif commun

1. Observation directe du VSH sur nymphes aux yeux violets

  • Objectif : mesurer le comportement hygiénique spécifique au varroa.
  • Méthode : sur un couvain operculé naturellement infesté, on note les cellules désoperculées/spontanément nettoyées par les abeilles. On vérifie la présence de varroas et de leur descendance dans ces cellules.
  • Stade ciblé : nymphe aux yeux violets (jour 13-14), optimal pour repérer les varroas.
  • Avantage : reflète la capacité réelle des abeilles à détecter et stopper la reproduction du parasite.
  • Limite : nécessite un taux d’infestation suffisant pour des résultats comparables.

2. Pin-test ou test hygiénique classique

  • Objectif : évaluer la capacité générale de détection des cellules anormales.
  • Méthode : on perfore environ 100 cellules avec une épingle. On observe sous 24-48h combien sont nettoyées.
  • Avantage : très reproductible, utile en sélection de masse, ne dépend pas de l’infestation varroa.
  • Limite : ne garantit pas que les abeilles détectent le varroa, mais plutôt toute anomalie (odeur, structure).

3. SMR – Reproduction supprimée du varroa

  • Objectif : quantifier l’interruption de la reproduction du varroa par les ouvrières.
  • Méthode : sur des couvains infestés, on observe le développement du parasite. On considère comme SMR les cellules où les varroas ne laissent aucune descendance viable.
  • Avantage : révèle des colonies où le parasite ne parvient pas à se reproduire malgré sa présence.
  • Limite : test plus technique, long à mettre en œuvre, réservé à la sélection généalogique fine.

Pourquoi intégrer ces tests dans une sélection généalogique ?

Dans une approche de sélection raisonnée, les tests VSH, hygiénique et SMR permettent de constituer des lignées résistantes, sans dépendre uniquement de traitements chimiques. En croisant les résultats avec des pedigrees et en testant la descendance (test de croisement, test de descendance), l’apiculteur peut :

  • repérer les colonies F0/F1 à valeur génétique intéressante,
  • améliorer la prophylaxie de son cheptel sans apport extérieur,
  • renforcer la durabilité de ses lignées en évitant les colonies “faussement saines” par simple hasard.

Cette prophylaxie comportementale, basée sur le génome des abeilles et non sur les médicaments, devient un pilier dans les zones où la pression varroa est forte.


📊 Tableau comparatif des trois approches

CritèreVSH (observation)Test Hygiénique (pin-test)SMR (analyse de reproduction)
Type de stimulusInfestation réelleSimulation artificielleReproduction du parasite
Stade cibléNymphe yeux violetsTout couvain operculéNymphe + varroa
ObjectifRéaction ciblée au varroaRéaction hygiénique généraleSuppression de descendance
Besoin de varroasOuiNonOui
Usage recommandéSélection généalogique préciseSélection de masse / criblageÉlevage de souches résistantes
Limite principaleDépend de l’infestationNe cible pas le varroaLong, expertise technique

🎯 Conclusion

La lutte contre le varroa ne passe plus uniquement par les traitements chimiques. Grâce aux tests VSH, SMR et hygiéniques, l’apiculteur moderne peut agir en amont, en sélectionnant les lignées qui font le travail de défense sanitaire… à sa place.

Mieux encore, en associant ces tests à une démarche de sélection généalogique structurée, il est possible de stabiliser des lignées résistantes sur plusieurs générations, en conservant les caractères les plus favorables.

👉 Observer, tester, croiser… et construire un cheptel plus sain.

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