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Combattre les maladies apiaires par la sélection généalogique et génomique

Les maladies apiaires constituent un défi majeur pour les apiculteurs. Entre le varroa, la loque américaine, la nosémose et d’autres pathogènes, la gestion sanitaire des colonies repose encore largement sur l’usage de traitements chimiques ou biologiques. Cependant, une approche plus durable et respectueuse de l’environnement existe : la sélection généalogique et génétique des abeilles résistantes aux maladies. Cette méthode, déjà appliquée dans d’autres secteurs agricoles, permettrait d’améliorer la résilience des colonies et de réduire la dépendance aux traitements.

Sélection généalogique : un premier levier d’action

La sélection généalogique repose sur l’identification et la reproduction des colonies qui présentent naturellement une meilleure résistance aux maladies. Elle s’appuie sur plusieurs critères :

  • Hygiène des abeilles : Les colonies qui éliminent rapidement les larves mortes ou infectées sont moins sensibles aux maladies comme la loque américaine.
  • Comportement VSH (Varroa Sensitive Hygiene) : Certaines lignées d’abeilles détectent et éliminent les cellules infestées par le varroa, limitant ainsi sa prolifération.
  • Vigueur des colonies : Une bonne vitalité et un bon développement printanier sont souvent liés à une meilleure résilience aux pathogènes.
  • Faible sensibilité aux maladies courantes : Certaines lignées montrent une plus grande résistance naturelle à la nosémose ou aux virus transmis par le varroa.

Le travail de sélection repose sur un suivi rigoureux des colonies et sur une reproduction préférentielle des reines issues des lignées les plus résistantes.

Sélection génétique : vers une amélioration ciblée

Contrairement à la sélection généalogique qui repose sur l’observation et la reproduction des meilleures lignées, la sélection génétique utilise des outils plus avancés, notamment l’analyse ADN et les marqueurs génétiques. Cette approche permet de :

  • Identifier précisément les gènes impliqués dans la résistance aux maladies.
  • Accélérer le processus de sélection en évitant plusieurs générations de tests empiriques.
  • Sécuriser la transmission des caractères bénéfiques en combinant des méthodes comme l’insémination artificielle et le croisement contrôlé.

Des programmes de recherche, comme ceux menés sur l’abeille VSH, montrent que certains marqueurs génétiques influencent directement la capacité d’une colonie à lutter contre le varroa. Ces avancées ouvrent la voie à une apiculture plus durable et autonome.

Avantages et limites de la sélection contre les maladies

Avantages

  • Réduction de la dépendance aux traitements chimiques : Moins de résidus dans le miel et moindre impact environnemental.
  • Colonies plus robustes et productives : Moins de pertes hivernales et une meilleure dynamique de population.
  • Amélioration du bien-être des abeilles : Une meilleure adaptation aux pressions pathogènes et environnementales.

Limites

  • Temps et rigueur nécessaires : La sélection demande un suivi précis sur plusieurs générations.
  • Risque de réduction de la diversité génétique : Une sélection trop étroite pourrait affaiblir la résilience globale des colonies.
  • Facteurs environnementaux non maîtrisables : Même une lignée résistante peut être affectée par des conditions climatiques extrêmes ou d’autres stress.

Conclusion

L’avenir de l’apiculture durable passe par une meilleure maîtrise de la génétique des colonies. En combinant sélection généalogique et sélection génétique, les apiculteurs peuvent progressivement développer des lignées d’abeilles plus résistantes aux maladies, réduisant ainsi la dépendance aux traitements et favorisant une approche plus naturelle de la gestion sanitaire. Cette transition demande du temps, mais elle représente un levier majeur pour assurer la pérennité des colonies dans un contexte d’évolution rapide des défis sanitaires et environnementaux.

Dans cette dynamique, les Groupements de Défense Sanitaire Apicole (GDSA) pourraient jouer un rôle stratégique en facilitant l’accès à des reines sélectionnées pour leur comportement VSH et leur résistance accrue aux pathogènes. Qu’elles soient issues d’élevages locaux ou de centres de recherche spécialisés, voire d’un service ad hoc interne aux GDSA, la mise à disposition de telles reines auprès des apiculteurs adhérents renforcerait considérablement la résilience collective du cheptel, tout en inscrivant les GDSA dans une logique de prévention active et durable face aux maladies apiaires.

3 réflexions au sujet de « Combattre les maladies apiaires par la sélection généalogique et génomique »

  1. […] C’est pourquoi la sélection généalogique, notamment autour du caractère VSH (Varroa Sensitive Hygiene), constitue une piste d’avenir […]

  2. […] La prophylaxie en apiculture ne se limite pas aux traitements chimiques ou aux bonnes pratiques d’hygiène. Elle inclut également la sélection généalogique, une approche préventive visant à renforcer la santé des colonies en favorisant des traits génétiques bénéfiques. […]

  3. […] politique sanitaire apicole ne saurait faire l’économie d’un travail sur le vivant. La sélection généalogique, fondée sur l’élevage raisonné de reines résistantes et sur la mise en place de ruchers à […]

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