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Varroa destructor : pourquoi et comment traiter efficacement ce parasite des abeilles


Le Varroa destructor, acarien parasite de l’abeille domestique (Apis mellifera), est aujourd’hui considéré comme l’un des principaux ennemis sanitaires des ruchers à travers le monde. Invisible à l’œil nu pour les néophytes mais dévastateur dans ses effets, il affaiblit insidieusement les colonies, favorise l’émergence de virus et compromet la survie hivernale.

Voici ce que tout apiculteur — amateur ou professionnel — doit savoir pour traiter efficacement et de manière responsable, tout en explorant les solutions non chimiques et biologiques.


1. Pourquoi traiter ? L’enjeu vital

Le Varroa se nourrit de l’hémolymphe et des corps gras des abeilles adultes et des larves. Sa prolifération entraîne :

  • une chute du taux d’abeilles viables pour l’hiver,
  • l’affaiblissement général de la colonie,
  • la transmission de virus comme le DWV (Deformed Wing Virus),
  • des mortalités massives à la sortie de l’hiver.

🐝 Sans intervention humaine, une colonie peut s’effondrer en une à deux saisons d’infestation non maîtrisée.


2. Quand faut-il traiter ?

Le moment du traitement est crucial pour son efficacité. En règle générale :

  • Fin d’été / début d’automne (juste après la dernière miellée) :
    ➤ C’est la période stratégique pour réduire la charge parasitaire avant l’élevage des abeilles d’hiver.
  • En hiver (traitement de dégouttement ou de sublimation à l’acide oxalique, en absence de couvain) :
    ➤ Permet de tuer les varroas phorétiques sur les abeilles adultes.
  • Au printemps (si infestation avérée) :
    ➤ Traitement possible, mais à manier avec précaution pour ne pas perturber la dynamique de développement.

✅ Le traitement ne doit jamais être systématique, mais fondé sur un diagnostic sanitaire clair : comptage de chutes naturelles, test sucre glace, CO₂ ou alcool.


3. Alternatives biologiques aux médicaments

Face aux limites des traitements chimiques (résistance, résidus, perturbation de la colonie), de nombreuses solutions naturelles ou biologiques existent pour intégrer une lutte raisonnée contre le Varroa :

🔸 Acide formique naturel

  • Présent dans certains produits autorisés en bio (ex. : MAQS)
  • Toxique pour le varroa, mais s’évapore naturellement sans résidu.
  • Agit également dans le couvain operculé.
  • ⚠️ Sensible à la température : bien respecter les conditions d’usage.

🔸 Huiles essentielles (notamment le thymol)

  • Utilisées dans des produits comme Apiguard ou en mélange maison (cf. huile essentielle de thym).
  • Agissent par évaporation et perturbent le système nerveux du varroa.
  • Bien tolérées par les abeilles si correctement dosées.

🔸 Pièges mécaniques : plancher grillagé

  • Le plancher grillagé avec tiroir graissé (huile, vaseline) permet :
    • de capturer les varroas tombés naturellement,
    • de suivre l’évolution de l’infestation (seuil critique ≈ 10 varroas/jour),
    • de réduire légèrement la population en continu.

🔸 Méthodes de biotechnologie

  • Retrait de couvain de mâles : zone préférée de ponte du varroa.
  • Division de colonies ou encagement de reine : rupture de ponte → plus de couvain = moment idéal pour traitement flash à l’acide oxalique.

❌ À éviter : la confusion sur les « prédateurs du varroa »

L’introduction d’insectes comme Aethina tumida (petit coléoptère de la ruche) est à proscrire : ce n’est pas un allié, mais un parasite destructeur interdit en Europe. Le varroa n’a pas de prédateur naturel utilisable en apiculture à ce jour.


4. La prévention reste la première défense

La lutte contre le varroa ne se limite pas au traitement :

  • Surveillez régulièrement vos colonies (toutes les 3 à 6 semaines).
  • Maintenez une bonne hygiène du matériel apicole.
  • Favorisez les lignées d’abeilles au comportement hygiénique (VSH).
  • Diversifiez les approches : traitement raisonné + sélection + biotechnologies.

📚 Sources et ressources recommandées

  • Mes Premières Ruches – Lutter contre le Varroa
  • Les Ruchers d’Alexandre – Comprendre et agir
  • Rucher École de Magnerolle – Fiches pratiques sur la varroose
  • GDSA locaux et Techniciens Sanitaires Apicoles

🐝 En conclusion

Le Varroa ne laisse aucun répit à l’apiculteur. Surveiller, anticiper, diversifier les méthodes : voilà les clés pour préserver la santé de vos colonies. Dans une démarche apicole responsable et durable, il est impératif d’intégrer des solutions efficaces mais douces, en cohérence avec le cycle biologique des abeilles et les contraintes de l’environnement.


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