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Pourquoi je quitte le GDSA de Haute-Loire : Plaidoyer pour une vision élargie du sanitaire apicole

Je tiens, par ce billet, à informer mes collègues apiculteurs, lecteurs et partenaires de mon retrait du GDSA de la Haute-Loire, en ma qualité de Technicien Sanitaire Apicole (TSA).

Cette décision n’est ni un geste d’humeur, ni une opposition personnelle à l’équipe dirigeante actuelle. Elle repose sur un constat structurel : celui d’un désaccord de fond avec la vision restreinte que les GDSA portent sur la santé du cheptel apicole.


Un modèle basé exclusivement sur le médicament

Aujourd’hui, la plupart des GDSA en France se cantonnent à un rôle de centrale d’achat de produits pharmaceutiques à AMM (Autorisation de Mise sur le Marché). Ils orientent les apiculteurs vers un schéma unique et contraint : deux traitements annuels, selon les protocoles officiels, sans réelle prise en compte de la diversité des pratiques, des spécificités des territoires, ni des avancées en matière de sélection génétique.

Cette dépendance aux traitements chimiques s’est imposée comme la norme unique et exclusive, reléguant toutes les autres approches — pourtant prometteuses — à la marge ou au silence.


Le sanitaire, ce n’est pas seulement le médicament

Être acteur du sanitaire, c’est aussi, et surtout, prévenir les maladies à la racine. Or, la sélection de reines hygiéniques, la mise en place de ruchers à mâles, l’observation rigoureuse des lignées VSH (Varroa Sensitive Hygiene), font partie intégrante de la prophylaxie apicole.

C’est sur cette base que de nombreux pays ont entamé des programmes performants de sélection généalogique collective. En France, cette dimension est largement ignorée des GDSA, comme si elle n’était ni crédible, ni souhaitable, ni même envisageable.


Un refus implicite mais profond

Lorsque j’ai tenté d’ouvrir ce débat, d’évoquer une approche complémentaire par la génétique, le sujet a été écarté avec prudence ou condescendance. Aucun rejet formel, certes, mais aucune volonté d’agir, de débattre, ou même d’écouter véritablement.

C’est ce refus silencieux, mais persistant, qui m’a conduit à tirer les conséquences de cet enfermement méthodologique.


Mon engagement se poursuit autrement

Je crois en une apiculture vivante, résiliente, et autonome. Je continuerai donc, à mon échelle, à :

  • promouvoir la sélection de reines hygiéniques et rustiques (comportement VSH, faible essaimage, douceur…),
  • encourager les apiculteurs à reprendre en main leur génétique,
  • publier des ressources, témoignages et méthodes sur mon blog, pour ouvrir des alternatives viables aux traitements de masse.

Pour conclure

Je quitte une structure, mais je reste pleinement engagé dans la défense de la santé des abeilles — avec d’autres outils, d’autres partenaires, et une vision plus large du sanitaire.

La sélection est une voie d’avenir. Elle est exigeante, mais accessible. Et surtout, elle est durable, là où les traitements chimiques ne font que ralentir une chute annoncée.

À toutes celles et ceux qui veulent aller plus loin que le traitement, je tends la main.

🐝 Damien-Jérôme Maigne
TSA sortant – Apiculteur de montagne
https://mouchamiel.fr


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